C’est encore loin ?

Dis…toi, oui, toi, celui ou celle qui gère nos vies comme un enfant décide quel playm@bil va se faire manger par un dragon…c’est encore loin ? Je veux dire : c’est encore loin, le bout du tunnel ?

Il y a 2 ans et demi Monsieur Papa était un rescapé. Il l’est toujours. Vichnou merci. On ne peut pas vraiment en dire autant de notre couple…. A 47 ans et à 8 ans et demi du coup de foudre qui nous réunissait Monsieur Papa et moi, on peut dire que je suis une femme pas vraiment heureuse, pas vraiment épanouie, éteinte, fatiguée, voire épuisée.

Partager la vie de quelqu’un qui survit au cancer c’est partager sa vie avec un humain qui ne sera plus jamais comme avant. Moi mon survivant est devenu profondément égoïste, désabusé, malheureux, agressif, dépressif. Il consulte depuis peu. Il s’en fout, il n’aime pas les psy(-chologues -chiatres -chanalystes), il n’aime plus sa vie, il est devenu l’ombre de lui-même depuis que son membre viril ne l’est plus. Même s’il fait partie des 5% de patients qui réagissent aux placébos et ont de grandes chances de recouvrir tout ou partie de leurs activités sexuelles. Moi je suis une épave, une femme qui s’éteint, qu’on éteint, une mère qui n’a plus de patience, qui s’englue dans le quotidien, qui se demande si elle sera à nouveau heureuse, si elle l’a jamais mérité.

Depuis un et demi j’enseigne, j’ai passé le cap du jury interne qui recrute les suppléants dans le privé, et c’est ma seconde rentrée dans une classe de GS/CP. En ZEP, je me donne à fond, et rentrée à la maison je ne reçois aucun mot de réconfort ni d’encouragement. Mes heures passées à préparer mon travail de classe dérangent, je ne suis plus disponible, alors je suis à ses yeux égocentrique…Si seulement il savait, s’il avait vu mes parents, enseignants, se motiver mutuellement, se féliciter des travaux effectués, des résultats obtenus. S’il savait seulement combien je souffre d’être si mal aimée.

A quoi sert de le dire ?, je l’ai tant dit, après avoir patienté, après avoir soigné, consolé, rassuré, pansé les plaies que je pouvais atteindre. Je l’ai écrit. Je l’ai crié. Je l’ai murmuré et j’ai tant pleuré. Je pleure même là, en écrivant, seule dans mon bureau, enfin seule…tandis que père et fille se promènent.

Ma fille, 6 ans et demi bientôt, qui a fait sa rentrée en CP/CE1, avec 4 autres du même âge et pour qui cette année les emmènera directement en CE2. Ma fille qui comprend tant de choses, qui est devenue infernale, qui jette à la figure de son père qu’elle le déteste, et que moi aussi je lui casse les pieds. Consulter? Bien évidemment…pour s’entendre dire que tout cela est mauvais, ces disputes, ce mal être d’adultes. Et ensuite… Je lui parle si souvent à ma fille, de ce que nous avons traversé et traverserons encore, de combien nous l’aimons, mais combien nous sommes fatigués, épuisés, et que nous l’entendons. Du moins, je l’entends, Monsieur Papa beaucoup moins.

Fuir au travail tous les matins. Revenir la boule au ventre car il sera sans doute de mauvaise humeur, lui qui comme il le dit fut abattu en plein vol, il s’ennuie, il se sent inutile et en veut à la terre entière.

Attendre que ma chérie soit couchée et dorme, fumer seule dans la cuisine, car il s’endort devant le foot ou n’importe quel programme masculin qui m’horripile, pleurer en silence sur un sudoku et me dire que non, vraiment, je ne sais pas pourquoi je mérite tout cela… Et l’aimer encore…pourtant.

On avance…

   Ça c’est Monsieur Papa, la tête en bas parce qu’il est couché (« la tête en haut, maman, il serait debout! »…ma fille, cette cartésienne…), avec des pansements sur le ventre, des fils et au bras un gros hématome.

Monsieur Papa a été opéré. Il va bien, enfin, tout va bien sauf son moral. Très fluctuant. Mais il est passé à côté de la Grande Faucheuse, la tumeur vue aux IRM et biopsie avait doublé de volume et une autre, la sal@pe, encore plus grosse était apparue en moins de 3 mois (délai entre la biopsie et l’opération). Selon le chirurgien, à un mois près nous entamions non plus un processus de guérison mais de prolongation de vie sans trop d’espoir…. Merci, merci Dieu, Vichnou, Gaïa, anges gardiens et merci la médecine. Merci Docteur F. aussi…. Déjà que vous avez un charme fou, alors si en plus vous sauvez ma moitié, je vais vous aimer aussi…

Il ne devrait pas y avoir de radiothérapie, pas de chimio. Il faudra du temps, ça oui…pour remédier aux effets secondaires, incontinence et impuissance. 4 à 6 mois pour l’un et 12 à 24 mois pour l’autre. Il n’est pas patient, je suis donc sur les rotules. Je suis épuisée, moralement, émotionnellement et physiquement. 

Mais j’ai retrouvé du boulot….et donc je m’en fiche, car depuis le 1er avril et après avoir poursuivi la conseillère pôle emploi pour obtenir une liste de poste CUI (je l’ai limite harcelée par mails), après avoir décroché le graal (une offre à moins de 25 minutes de chez moi), passé 2 entretiens dans cette école, je suis donc pour un an Assistante de Vie Scolaire, auprès de 3 enfants. Niveau maternelle pour un enfant trisomique, niveau CE1 pour une petite dyslexique dyspraxique et niveau CM1 pour un garçon hyperactif.

Je suis très heureuse d’y être arrivée, d’avoir été embauchée parmi dix candidates, pour mes compétences, mon expérience, et pas du tout refoulée car diplômée en Belgique, ce que l’Education Nationale fait depuis 5 ans. Merci l’enseignement privé, merci de m’avoir écoutée et considérée comme un atout potentiel.

Je vais revivre moi aussi. J’ai un visuel sur l’avenir plutôt court, 12 mois. Mais il y a un mois encore je n’avais ni avenir ni espoir. 

Merci aussi pour vos commentaires et messages, merci à Flo pour les textos. Un de ces mercredis (école privée dit semaine de 4 jours…) on pourrait retourner manger en regardant les haubans des bateaux sous le soleil ou la pluie 😉

Je sais que je dois rester prudente,  Monsieur Papa est en voie de guérison. Il restera 12 ans sous surveillance…mais je respire. Après des mois d’apnée je peux vous dire que ça fait du bien…

Non…

…il n’ a aura pas de miracle de Noël. Monsieur Papa a un cancer. De la prostate. Ablation totale obligatoire et sans doute traitements supplémentaires. Une scintigraphie sera faite rapidement, on revoit le spécialiste en janvier, pour discuter de tout cela.

Scintigraphie. Cancer. Opération. Chimiothérapie. Mon passé remonte douloureusement à la surface. Depuis 1991 ce sont des mots qui ont plongé ma vie dans la peur, la colère, les larmes. J’étais la grande fille que l’on protège et dont la maman hélas au bout de 5 ans rendra les armes, il y a 19 ans déjà. Aujourd’hui je suis celle qui partage la vie d’un cancéreux et dont la petite fille de 3 ans et demi devra être protégée au maximum.

C’est un cauchemar, non ? Dites-moi que je vais me réveiller…

Cette entrée a été publiée le décembre 18, 2015. 7 Commentaires

Le goût des larmes.



Monsieur Papa est toujours suivi pour 2 adénomes au foie (tumeurs bénignes, non extractibles, sous haute surveillance).

Monsieur Papa a subi une biopsie de la prostate. Risque de cancer = 1 sur 2.

MOM : diabète, hypertension, essoufflement de type dyspnée stade 4, chute de cheveux, épuisement… = Syndrome de Cushing. Maladie rare, difficilement diagnostiquée, nécessitant une lourde prise en charge.

MOM subi divers examens, radios, scanners, prises de sang, pour connaître la cause et localisation de ce qui provoque l’excès de cortisol produit par ses surrénales, taux maximum x 2 aux dernières nouvelles. Causes plus que probables tumeurs bénignes ou malignes, aux poumons, hypophyse, surrénales. 60 à 70% des cas.

Pendant ce temps là notre fille grandit, sans imaginer la peur et la colère qui nous rongent. Elle surprend parfois nos larmes et nos étreintes un peu plus fortes.

Voilà. Joyeuses fêtes tout le monde.

Cette entrée a été publiée le décembre 15, 2015. 4 Commentaires

Pépite.

Entendre roucouler, en partant, tôt le matin, les tourterelles qui nichent dans la résidence.
Passer une journée de travail prenante, mais au sein d’une équipe qui regrette déjà de devoir se quitter dans 3 mois.
Déjeuner toutes ensemble, avec la cheffe de projet, discuter, rire…et se voir offrir son déjeuner « parce que vous bossez bien, les filles ».
Rentrer sous le soleil, capote repliée, faire un détour par la digue, s’arrêter…souffler un peu en regardant la mer, les kite surfs qui jouent dans les vagues et le vent.
Récupérer ma fille tout sourire, heureuse de nos retrouvailles.
Revenir à la maison (capote fermée) en l’entendant chanter une histoire de messieurs, madames, qui dansent sur un pont, à Avignon.
Et entendre par la fenêtre de notre chambre chanter le rossignol , tout en préparant les affaires prévues pour demain.
C’était une belle journée…

20150414_165336_p

Poisson d’avril?

e97ab69e

Alors…quand le cabinet de recrutement m’envoie un mail précisant que ma « mission », qui a pris du retard, pourrait commencer mardi prochain, et que je dois envoyer divers documents scannés pour établir mon contrat, pour prendre les devants avant confirmation ferme de la date… J’ai envie de répondre à la gentille dame « est-ce un poisson d’avril? ».

J’ai eu envie de le faire… Mais je me suis dégonflée, et me suis contentée d’obtempérer et de dire « bonne nouvelle! ».

Je suis lâche….

Ma fille continue d’avoir pour le dessin un amour immodéré, ce qui me fait plaisir à double titre. Parfois, pourtant, je voudrais bien avoir le décodeur de ses œuvres…

Nouveau document_1_p« C’est papa, tu vois? Avec son pull rayé ». Je vois bien le pull rayé, le visage, le nez, les yeux, le sourire, le corps, les bras, les jambes… Mais ce machin sur son crâne, ma chérie, ce sont des cheveux et une bosse ou bien?…………………naaaaaan……

Nouveau document 1_1_pEt sinon, mon frigidaire est devenu sa première salle d’exposition, tous les soirs c’est vernissage, et les cimaises sont bien garnies, comme vous pouvez le constater, avec en position principale, bien en vue : « L’homme à la tête de…heuuuuu? »

Ma fille est une artiste. Incomprise, sans nul doute ! 😀

Comment vous dire…

Oui, comment vous dire?

Dans le monde il y a ceux qui ont de la chance, et les autres. Ceux qui sont veinards, et les autres.

Ben moi, je fais irrémédiablement partie de la seconde catégorie!

Nanméoh! Quiquiqui a dit que je commençais un nouveau job le 23 mars, pour 15 semaines ??? C’est mooaaaa ! Et quiquiqui n’a toujours pas signé son contrat « parce que le chantier-projet est en retard et on n’y peut rien » ? C’est mooaaaa…Et quiquiqui se dit que si tout se décale (début et fin, tout ça tout ça)…Je vais me retrouver au boulot tout le mois de juillet, byebye les 10 jours de vacances chez mon papa (heureusement l’ass’mat’ a déjà réservé une place à ma fille), et donc pas de vacances non plus pour mon papa qui en profite alors pour partir 4 ou 5 jours (oui, quand on s’occupe de 15 chats, on ne part pas sans catsitter). Faut espérer que ça ne se décale pas sur août, parce que là, les gars, moi j’ai déjà réservé 15 jours au soleiiiiiil et non, je ne vais pas annuler…

Voilà. Ma semaine de job en mars : niet. Mon petit plus salarial en mars : niet. Et mes 15 semaines d’intérim, ben, on attend, je relance ma responsable au cabinet RH, sont en réunion tous les jeudis. Et? Ben rien. Parce que ça prend du retard, Madame, voilà.

Soupir…………….ça c’est moi : photo 1

Genre « j’ai retrouvé le chemin, sauf qu’il est sous eau » (comme la digue de pas loin de chez moi).

Vous l’imaginez ma déception? Et mon stress? Vous le sentez?

Tout ça n’arrange pas une situation ultra tendue du slip (et du string, ne soyons pas sectaires) avec ma BF tout entière. Dernier sujet (pas nouveau) : le perçage des oreilles de ma fille. J’ai dit non en 2013, parce que moi je déteste ça les bébés filles et les toutes petites filles avec des boucles d’oreilles (si toi lectrice tu kiffes, c’est bien ton droit, mais là on parle de ma fille). Donc, ma BS en parlant en regardant son frère et non moi la génitrice fut bien emmerdée quand je décidai que non, merci, même pas pour le baptême (qui rappelons le devait avoir lieu avant son 1er anniversaire). Le sujet fut débattu en privé et Monsieur Papa comprit que non c’était non, que j’avais bien le droit d’avoir aussi des coutumes familiales, hein ! Chez MOI on perce les oreilles quand la petite fille le demande, et éventuellement pour le passage à l’école primaire, voilà ! Et puis, chez moi, les bébés filles aux oreilles percées ça a toujours eu une connotation négative. Point, barre, sujet réglé.

Ben non…..samedi les femelles de ma BF s’y sont mises en couple, pour seriner que bon, les clous d’oreilles offerts par le parrain en 2014 (pour le baptême…), hein, faudrait les mettre. Que sinon il aurait fallu le dire…. (rappel : je l’ai dit, mais vous n’en avez fait qu’à votre tête, sauf que la mienne, de tête, est plus dure que la vôtre). Donc, de mauvaise foi, les gonzesses ! Mais là, ô miracle, Monsieur Papa qui répond (en voyant mon regard se durcir et mon « non » resté poli mais devenir limite agacé/explosif) « oui mais c’est MOM qui décide, là ». Merci !!!!! Je sais que le sujet reviendra sur le tapis, je sais qu’on a de la suite dans les idées dans cette famille, et qu’en qualité de belle-fille je suis la femme à abattre, quand il le faut. Mais je résisterai, vos coutumes ne sont pas les miennes. Et puis, aucune petite fille aux oreilles percées dans la classe de ma fille  (merci le trombinoscope de la rentrée), et puis, vous la voyez ma poulette, avec des trucs dans les oreilles, et qui la gênent ? Déjà une barrette c’est la misère……sujet clos. Jusqu’à ? Laissez la tranquille, ma fille. MA fille…

photo 3_p

Je vais clôturer ce post écrit en toussant bien fort depuis 3 jours  (la bronchite, celle que mon BP a transmis à tout le monde, tout en précisant que pas vrai du tout, OH! et puis, la bronchite, ma belle-sœur, institutrice maternelle quand même (des études, toussa toussa), elle la classe dans les maladies qu’on attrape quand il fait froid, genre des miasmes, comme au moyen âge..ah? C’est un virus? Un VIRUS ???? Ah bon????? Comme la grippe???? Donc ça se transmet d’humain à humain?????? Sérieux???? Oui, vous avez bien lu…Ma BS est une conne).

Mon charmant BP qui, apprenant que l’ass’mat’ ne serait pas là aux vacances de Pâques pour s’occuper de ma fille (je travaille, enfin, logiquement..) car partant rejoindre sa famille pour 15 jours ( elle est l’épouse d’un petit cousin, pas une inconnue, donc), et qui a le terrible défaut pour lui d’être asiatique (des gens pas comme nous… bien quand même de la part d’un italien qui a subi le racisme primaire en arrivant en France dans les années 50′), l’ass’mat’, donc, disais-je, pour lui, se permettait quand même de partir souvent ! (les congés, connait pas, le vieux). J’explique que là elle part seule, sans mari et (grands) enfants, pour son Asie natale, revoir sa maman, qu’elle n’a plus vue depuis 3 ans. Réponse de mon BP : ‘ »ah? et elle peut pas loui envouyéééé oun photo, sa mèrrre? » Et ma main dans la gueule je te l’envoie par colissimo? Lui qui ne supporte pas qu’on ne passe pas tous les jours (comme fifille), lui qui trouve qu’on lui manquera de respect si on l’évite un samedi because of the virus de la grippe et de la bronchite?

J’en ai marre.

Je les déteste. Je les hais. Vraiment.

La grippe a tué 11.400 personnes cet hiver. Naaaan… Je n’ai vraiment pas de chance !!!

PS : si tu n’as pas d’humour, ne viens plus. Mais bon, parfois, je ne plaisante pas……

20150317_183127_p

C’est joli aussi Bergues…

 

 

15 semaines pour…

…sortir la tête de l’eau.

Parce que ces derniers mois ma vie c’était vagues glacées, remous sablonneux, vente de tempête et hautes marées…

20150223_165012_p(c’est beau Wimereux…)

Parce que peut-être que ce ne sera pas le Pérou, peut-être que ce sera bof côté bienêtre, développement intellectuel, peut-être que je n’aimerai pas, peut-être que je serai contente que cela se termine, mais c’est le bout d’un tunnel.

20150302_152629_p

Ce 23 mars je démarre une mission interim de 15 semaines, je serai assistante projet, pour une boîte qui crée/restructure les réseaux informatiques de grandes entreprises. Gérer des plannings, je connais. Je m’adapterai au groupe nouvellement formé (la mission totale dure 6 mois, je prends le train en marche). Et surtout! je vais avoir un salaire pendant 3 mois 1/2, que je mettrai de côté pour les prochains mois, en attendant de trouver autre chose.

J’ai prévenu ma directrice, on place fissa mes dernières heures de cours sur des périodes de creux et samedis matin, et je ferme ce chapitre de ma vie. Je suis assez émue, j’aimais ce que je faisais, mes collègues, je m’entendais bien avec ma directrice, et puis, j’y suis entrée en septembre 2011, enceinte de 4 semaines, mais sans le dire, puisque nous ne savions pas ce que nous allions faire. J’y ai travaillé le ventre rond, j’habitais à deux pas, en centre ville, je rentrais le soir en traversant le parc, la tête pleine d’espoirs et de rêves (et de fantasmes d’enfant calme et sage comme une image, aussi…).

Mais je ne peux plus continuer là-bas, passer de 12h semaine à 4h semaine, sans possibilité de compléter ailleurs, et bloquée par ces 4h pour d’autres jobs, il a bien fallu faire un choix.

Une page se tourne, la prochaine se finira aussi, le 7 juillet. Mais je pourrai sans doute rebondir ailleurs, après les vacances, j’envisage toujours de postuler en CUI-CAE dans une école pour un poste d’assistante administrative.

Des tas de choses vont changer, en 15 semaines… Je ne pourrai pas toujours déposer ma poulette à l’école le matin, ses grands-parents le feront (oui oui, vous avez bien lu), ni la récupérer à midi et la faire manger avec moi (ses grands-parents le feront, oui oui, vous lisez bien une fois de plus). Et les vacances de Pâques ? Aaaaaah….ben faudra que toute la famille se serre les coudes, entre les grands-parents, son papa qui a des congés à prendre et sa marraine qui a deux semaines de congé. Parce que moi je bosse, temps plein, 15 semaines.

20150305_162334_p(Vencimont, en Ardennes, c’est beau aussi…).

Et non, je n’irai pas à Pâques chez papa, tant pis. J’y ai passé 3 jours semaine dernière. De quoi me faire du bien, me ressourcer, regretter une fois de plus d’avoir quitté cette région que j’aimais. Mais j’y reviendrai, en juillet. Ce sera long…mais je n’ai pas le choix, et j’évite le mur, c’est le principal.

Ma fille, si tu savais, si tu pouvais comprendre, combien être adulte c’est aussi fatigant, désolant, étouffant, anxiogène, et profiter de cette belle période de ta vie, l’enfance…la mienne fut lumineuse. Je fais tout ce que je peux pour que la tienne soit belle.

20150308_173523_p(Bruges, c’est beau Bruges…. ).

Merci pour vos mots de soutien, d’encouragement. Je sors bientôt la tête de l’eau. Pas pour toujours, il y aura sans doute un autre creux. Mais merci.

Au bout du bout ?

20150212_115156_pDes tas de choses à dire, et pourtant, pas d’énergie, pas d’envie, je suis au bout de moi-même parfois, je m’écœure, je suis si triste, si désemparée, tant de colère, de déceptions, d’espoirs morts avant même d’avoir pu grandir…

Je ne me reconnais plus, mon esprit lâche, mon corps qui lâche la rampe, je dégringole, je me dissous, je ne me reconnais plus, je n’ai plus goût à rien, et pourtant…ma vie est là, j’ai un homme qui m’aime, même si parfois son caractère de macho de mierda fait que les portes claquent, mes larmes coulent bien trop vite, les cadres tombent et les morceaux de verre jetés dans la poubelle ne s’oublient pas si vite que cela.

J’ai une petite fille adorable, un petit démon qui me pousse à bout, au bout de ma patience, au bout de mon désir de maternité, mais que j’aime comme une folle et qui me le rend au centuple.

20150130_222250_p

Je vis dans un bel appartement, certes pas à moi, mais à lui, un jour à elle, si nous ne le vendons pas un jour. Je vis pas très loin de la plage, mais ce pas très loin est parfois pas assez près. Quand j’ai des semelles de plomb, si lourdes que même moi j’en ai peur.

Mais je n’ai quasi pas d’amis, ma seule famille est loin de moi, et je n’ai pas de boulot. Et je m’enfonce, de candidatures spontanées en candidatures listées, de lettres de motivation en dialogues de sourd avec pôle emploi… Je suis au bout du gouffre, dans 2 mois je me retrouverai à sec, zéro, je n’aurai même plus de quoi payer mon assurance voiture, alors pourquoi parler d’essence. C’est le serpent qui se mord la queue, ma conseillère qui trouve inconcevable que je désire me rabattre sur des jobs CUI (j’y ai droit depuis 2 mois), avec TOUS CES DIPLÔMES ET CE CV, MADAME !!! Oui, mais mes diplômes, je les ai obtenus ailleurs qu’en France, et mon expérience signifie aussi que j’ai 44 ans. Et pourquoi on ne peut comprendre que je ne veux pas bosser temps plein, à 50 km de chez moi, avec une petite fille de bientôt 3 ans qu’il faut gérer sans aide aucune?

Je suis au bout du bout, je ne demande pas grand chose, je veux bien tenir une boutique 10 h par semaine, donner un coup de main quelques heures pour de l’administratif, du classement, je m’en fous si ça n’est pas intéressant ni intellectuellement valorisant. J’ai fini par faire une croix sur cela. Je veux juste bosser, accepter ce que celles qui désirent un temps plein refusent (et je les comprends, sans Monsieur Papa j’aurais besoin d’un temps plein), je veux me rendre utile, mais il parait que même pour aider aux devoirs je suis trop qualifiée…et le poste d’assistante scolaire d’un ado autiste 15h semaine m’a été refusé parce que destiné…à un senior…… Je ne suis donc pas encore assez vieille? Mais je fais quoi, en attendant ? Mes demandes de formation restent sans suite, aucune conseillère lors de rdv ne m’a dit « ok, ça c’est pour vous, ça vous intéresse? ». Non…Jamais. Pourtant, je demande, mais j’ai la sensation que je dérange, que ça donne trop de boulot de vérifier mes accès à ça ou autre chose.

En attendant, je coule. Et j’accumule sinusite, mal de dos, gastro, fatigue excessive, migraines.

En attendant, je sombre, je suis l’ombre de moi-même, sans elle, je pense que je m’endormirais sans jamais me réveiller.

Sinon, la vie… 20150215_134841_pSaint Valentin sans cadeau car je trouve ça stupide (ça n’engage que moi, ne me jetez pas le vôtre à la figure), juste des fleurs, des sushis et du sashimi. Mon BP malade, la grippe, puis bronchite, qui contamine tout le monde, « perque les virous ça ne s’attrape pas chez moi, hé, il faut du froiddd pour toumber maladdde, moi je veux toute le monde  à la maison lè samedi, pour la pasta, hé, c’est ça lou respekkkkkt ». Je vous laisse deviner qui est tombé malade? Ma BM, ma BS, moi. Toutes les unes après les autres. Quel con, alors. Heureusement Mademoiselle V a résisté. Sinon, je l’aurais étranglé !

Sinon, ben rien. Les vacances commencent samedi, on ne va nulle part (on ne pourrait pas, là). Peut-être moi 3 ou 4 jours chez mon père, mais je ne sais pas. Je repars de là toujours tellement triste, le cœur en mille morceaux. Je ne sais pas.

Je poste les photos en vrac, je n’ai même plus l’envie de poster des articles corrects, c’est vous dire.

20150201_205039-p20150215_161048_p

En morceaux…

10898082_10152634991886339_5070495940566382831_n

Oui, mon cœur est en morceaux. Depuis hier. Suis-je Charlie? Suis-je sa sœur, sa mère, sa fille? En tous les cas, je suis moi aussi un être humain qui revendique son droit à la libre expression, dans un pays qui se doit de rester démocratique.

J’ai la rage au cœur, en moi se mêlent colère, vengeance, chagrin, révolte. Je suis horrifiée, mais pas terrifiée. Parce qu’il faut rester debout, et brandir les poings vers le ciel, car si rester digne est ma priorité, je refuse de gagatiser sur un monde où l’humain serait partout, toujours, un être bon ou qui peut le devenir.

———————————

20141224_174815_p

Sinon, et bien ce fut Noël. Le réveillon chez nous, à 3. Chez ma BS pour le déjeuner du 25 avec toute la smala. Des cadeaux pour notre fille, trop, beaucoup trop. Mais bon, j’ai pu faire du tri dans ses jouets de bébé, quelques uns (ok, ceux offerts par ma BS – la marraine- et le parrain) seront gardés en carton (et stockés chez ma BS, faut pas pousser, elle veut garder? elle stocke). Les autres ont été offerts au Secours Catholique, et à une crèche pas loin de chez nous. Et puis 4 jours chez mon papa, sous la neige…….. 20141228_141803_P

Le séjour chez nous a repris des airs de « séjour d’adultes ». Profitant de l’absence de Monsieur Papa je me suis débarrassée de mon canapé certes ultra confortable mais bien trop grand, je l’ai remplacé par le canapé convertible de l’Homme, un beau modèle en cuir, indémodable, qui attendait dans ce que nous nommons « le petit salon » (une partie du salon coupée du reste par un système d’arcade et anciennement bureau de l’Homme). Ce « petit salon » est devenu la salle de jeux de Mademoiselle V, qui gagne un espace rien qu’à elle (au lieu de partager le nôtre au grand dam de son papa). Bref, j’ai réaménagé, séjour, chambre, meubles.

J’ai aussi trouvé un job. Super. Fière d’avoir réussi haut la main un entretien d’embauche. Et stupide d’avoir pensé qu’en statut autoentrepreneur je n’allais pas me faire arnaquer. Dans les grandes lignes, une société immobilière française, très connue, embauche des négociants. Je postule, je décroche un sésame, on m’explique la procédure : contrat => greffe du tribunal du commerce => N° Siret, etc…. Salaire = commissions exclusivement, mais conséquentes. Je bosse 3 jours, à fond les manettes, ma rentrée en fonction coïncidant avec la rentrée de ma poulette (elle est propre?????ouaiiiii…je vous en parle après). Donc horaires de dingue, poulette totalement perturbée, de voir sa maman rentrer à 20h, Monsieur Papa catastrophé de savoir que oui, ce sera comme ça tous les jours, samedi compris. Que oui, avant de toucher le moindre euros, faudra attendre au moins 4 mois, mise en place des mandats, ventes, etc….. Grosse crise de doute hier matin, 3ème jour, avant de partir bosser.

Et puis dans la journée, j’entends des choses que je n’aurais pas dû entendre : le dernier embauché (il y a 3 mois) n’a toujours pas son contrat  (comme d’autres, d’ailleurs), tout le monde, à part 2 négos et le manager, bosse sans accréditation, ni n° de Siret…..quand on sait qu’un mandat implique juridiquement le mandataire (le négos) heuuuuu….oui? On fait quoi? Et puis j’entends une conversation entre 2 portes, entre le manager et une négos présente à l’agence depuis 2 ans et qui s’inquiète d’une éventuelle descente de l’URSSAF, qu’ils ne sont pas en règle. On me voit arriver, on se tait, on sourit et on parle d’autre chose.

Bref. MOM rentre hier soir la boule au ventre. Tard. Déjà, elle pleure Charlie. Ensuite elle pleure sa fille qu’elle a déposé le matin à l’école et qu’elle retrouve en pyjama, prête à aller bientôt a lit. MOM sait que ce sera son quotidien : déposer sa fille en coup de vent à l’école, et ne la revoir que tard le soir. Et MOM comprend (mais elle le savait depuis longtemps) que ce n’est pas ce qu’elle veut. Ni pour elle ni pour sa fille.

Alors ce matin MOM se lève plus tard, se prépare, enfile un jean, et non son tailleur. Elle lève sa fille à 8h, la fait déjeuner, la prépare, puis elle la conduit à pieds, à l’école, en lui parlant de ce qu’elle va pouvoir faire à l’école, et Mademoiselle V, rentrée le 5 janvier en souriant, puis qui pleurait, hurlait le 6, le 7….se met à trottiner joyeusement. MOM lui promet de venir la chercher pour déjeuner à la maison. Et qu’elle passeront l’après-midi ensemble (ma fille ne fait pas de sieste et n’est pas continente en dormant, lundi et mardi elle est allée chez l’ass’mat’).

20150101_170611-p

MOM rentre chez elle, en humant l’air marin qui vient de la digue, elle prend son portable, appelle son manager et lui dit « je ne viendrai pas, je ne viendrai plus, ces horaires sont incompatibles avec ma vie de maman, je n’ai personne pour me relayer, je ne veux plus rentrer à 20h chez moi, en sachant que ce sera cela tous les soirs ». Et comme aucun contrat n’a encore été signé, le manager lui dit juste « bonne continuation ». Et MOM raccroche. Et va reprendre ses recherches, parce qu’elle sait depuis 15 jours qu’elle est CUI-CAE, qu’elle peut postuler en école maternelle-primaire pour un poste d’aide administrative, notamment, ce n’est pas le Pérou, 20h/semaine, petit salaire. Mais sans doute ne suis-je pas faite pour être une working girl, plus depuis que je suis mère.

20150105_084434-p

Ma fille nous a fait le cadeau de la propreté, en un WE, même s’il y a eu « accidents ». Mais aucun à l’école depuis lundi. Et pourtant nous n’avons rien changé à la donne, rien dit de plus, de mieux, de moins. Sans doute a-t-elle compris, à l’école, que cette étape était nécessaire à son épanouissement, pour jouer autrement, pour apprendre, avoir des copines-copains, pour faire des tas d’autres choses. Alors oui, lundi elle est partie en chantant, et puis mardi et mercredi pas du tout. Cris, pleurs, des « mamaaaaaaaaan » déchirants. Comme le disait sa Maîtresse, la séparation et le manque sont difficiles à gérer pour elle. Mais depuis ce matin, je lui ai expliqué que je restais disponible pour elle. Que je serais là à midi. Que quand elle irait chez nounou l’après-midi (notre ass’mat’ lui a gardé une place pour les après-midi, sauf le mercredi), je viendrais la chercher suffisamment tôt pour être » encore beaucoup » avec maman. Voilà. Pourquoi devrais-je nous en priver, puisque je sais aujourd’hui que si je désire compléter mes heures de cours, je refuse de passer 12h au boulot tous les jours. 20150105_085442-p

Je t’aime ma fille. Je te laisse encore un peu de temps pour grandir, j’ai décidé et choisi en pleine conscience de ne chercher qu’un job à temps partiel, et de faire de ton enfance et de ce court moment de ma vie de « maman d’un petit », un futur souvenir lumineux fait de disponibilité et de partage. photo 4_2

Ho, et puis, aussi, j’ai eu 44 ans… 🙂